Il y a deux jours, ma fille de 15 ans et moi avons discuté de cette nouvelle matière introduite en Seconde à l'école: «Les Sciences économiques et sociales». Le terme est large et vague, d'où la discussion.
Pour ma fille, Mei, comprendre l'organisation de la Societé humaine est intéressante. Nous avons donc fini par avoir une conversation sur la façon dont le capitalisme, la production de masse et la productivité doivent être repensés pour guarantor un avenir, non pas à la planète, mais bien a l'humanité. Je me surprends alors à essayer d'expliquer que ce que nous appelons la question environnementale depuis la fin des années 70 n'est en fait pas seulement "l'environnement", mais bien notre organisation sociale et économique. Je me demande alors ce que nos enfants apprennent a l'école: le capitalisme pur et dur à l'ancienne ou sont-ils sensibilisés aux changements que nous devrons tous faire pour résoudre la crise environnementale, c'est dire la crise profonde et philosophique du système économique social et comment nous pensons notre relation a la nature.
Bombardés par les statistiques et les documentaires sur des sujets aussi variés que le plastique, l'industrie agro-alimentaire, la santé, la deforestation, les oceans, nous décidons souvent de faire l'autruche accablés par notre propre impuissance face a cette tâche insurmontable...
Au hasard, la nuit dernière, j'ai regarde UNE VIE SUR NOTRE PLANÈTE: un doc mettant en vedette un journaliste et activiste de la vie sauvage de 93 ans, David Attenborough. Ce travail est son "témoignage et ses vues pour l'avenir".
La première partie met l'accent sur les changements dramatiques qui se sont produits au cours de la vie de Sir Attenborough: comment le progrès et l'innovation sont rapidement devenus surproduction, productivité, puis dévastation et anéantissement de la plupart des habitats naturels et de la biodiversité. Il met les choses en perspective et nous rappelle qu'il y a quelques décennies à peine, le monde était encore presque vierge.
Du haut de mes 40 ans, j'ai le privilège de me souvenir du vrai goût des tomates en été, du merveilleux et occasionnel steak de bœuf que ma grand-mère achetait à la ferme ou de la nature sauvage et intacte de la côte atlantique française. Ma fille elle, ne connait si le gout de la tomate, ni celui d'un vrai steak et pense normal que toutes les plages soient ceinturées de béton et de signalitiques routières.
Au deux tiers du documentaire, préparez-vous à être ému et larmoyant quand vous réaliserez (au plus profond de vos tripes) l'amplitude des dégâts. Plus encore, on se rend compte qu'aucun de nous n'a jamais voulu une telle vie de destruction, d'excès, de maladies et d'extinction. Aucun de nous ne voulait manger des poulets aveugles élevés aux stéroïdes dans une usine, aucun de nous ne voulait voir des forêts décimées pour obtenir une nouvelle armoire IKEA ou avoir le cancer par inhalation de métaux lourds ou a cause de l'aluminium dans nos déodorants. C'est un peu comme si on nous avait promis le bien-être, la richesse et l'aisance sans nous prévenir que la contre-partie serait notre extinction.
Habituellement, ces documentaires nous laissent en effet impuissants, les bras ballants face a notre incapacité a changer les choses. Dans la dernière partie du documentaire, David Attenborough apporte des solutions et nous encourage tous à penser le monde différemment dans un contexte de surproduction et de surpopulation.
- Croissance démographique lente: Elle est une des causes majeures des dégâts actuels. Il s'avère qu'historiquement, à mesure que les familles augmentaient leur niveau de vie, elles limitaient également leur progéniture à 2 enfants environ. Très bientôt, la croissance de la population devrait ralentir pour la toute première fois. En sortant les gens de la pauvreté, en donnant à tous l'accès aux soins de santé et en permettant aux filles de rester à l'école le plus longtemps possible, nous pouvons faire en sorte que ce pic se produise plus tôt et contrôler ou limiter la croissance démographique. L'astuce consiste à élever le niveau de vie dans le monde sans accroître notre impact sur celui-ci. Et voici des moyens de le faire.
- Élimination progressive des combustibles fossiles: le monde naturel est principalement alimenté par l'énergie solaire. Les plantes de la Terre captent 3 billions de kilowatt/heure d'énergie solaire chaque jour! C'est 20 fois plus que ce dont nous aurions besoin pour que notre économie fonctionne. Et ce n'est que la lumière du soleil. "Nous devons faire fonctionner notre monde sur les énergies renouvelables naturelles". Le Maroc produit désormais 40% de son énergie grâce à l'énergie solaire après avoir été dépendant des combustibles fossiles pendant des décennies.
- Les océans / Pas de zones de pêche: les océans sont notre allié pour réduire le dioxyde de carbone dans l'atmosphère et nous fournir de la nourriture. Mais ils le font mieux lorsque leur biodiversité est préservée. Nous pouvons encore espérer nous nourrir de la pêche, mais seulement si nous le faisons correctement.
Palau est une petite île qui dépend de la pêche et du tourisme pour survivre. Lorsque le stock de pêche fut réduit, les Palaos ont limité les pratiques de pêche et fermé entièrement certaines zones de pêche pour que la vie sauvage se reproduise. La population de poissons est devenue si saine qu'elle s'est répandue dans les zones où la pêche était autorisée, fournissant à son tour des ressources qui auraient expiré autrement. Cette mesure a augmenté les prises de poissons par les pêcheurs locaux et a permis au récif de se rétablir. Les estimations montrent que transformer 30% de nos zones côtières en zone "de non prélèvement" fournira du poisson en quantités dont nous aurons jamais besoin. L'ONU tente actuellement de créer la plus grande "zone de non prélèvement" dans les eaux internationales.
- La terre: réduire considérablement les surfaces agricoles et changer notre alimentation: la clé pour résoudre le problème est de restaurer la diversité et les écosystèmes. Ce que nous mangeons compte dans ce contexte. Dans la nature, les grands carnivores sont rares car ils ont besoin de beaucoup de proies pour survivre et beaucoup de proies, c'est beaucoup de terres. Pour chaque prédateur du Serengeti, il y a un pool de 100 proies potentielles. Donc, pour chaque morceau de viande que nous consommons, nous avons également besoin d'une énorme dépense de terre pour héberger / produire ces animaux. La terre est tout simplement trop petite pour nourrir des milliards de mangeurs de viande.
- Nous devons au contraire augmenter notre consommation de plantes: nous n'aurions besoin que de la moitié des terres en ce moment exploitées pour parvenir aux besoins de la population mondiale. En ne produisant que des plantes, nous augmenterions considérablement leur rendement. En Hollande, petit pays à la population dense, les cultures hydroponiques (photo) permettent de produire plus sur une fraction de l'espace et a multiplié le rendement par 10 en deux générations, en utilisant moins d'eau, moins de pesticides, moins d'engrais et en émettant moins de CO2! Malgré sa taille, la Hollande est le deuxième exportateur de produits alimentaires. Nous pouvons donc produire plus de nourriture, et ce meme a l'intérieur des villes.
- Arrêter la déforestation PARTOUT: les forêts sont le meilleur dispositif dont nous disposons pour emprisonner le carbone et sont les véritables centres de la biodiversité. Encore une fois, les forréts font mieux leur travail lorsque la biodiversité est préservée.
Les plantations de palmiers à huile et de soja ne devraient pas déclencher la déforestation, mais plutôt être plantées sur un sol qui a été déjà déboisé il y a longtemps (et il y en a beaucoup!) Il y a un siècle, plus des trois quarts du Costa Rica étaient des forêts. Au milieu des années 80, il en restait seulement un e tiers... Le gouvernement a offert des subventions aux propriétaires fonciers pour replanter des arbres indigènes. En seulement 25 ans, la forêt est revenue pour couvrir 50% du pays.
"Une espèce ne peut prospérer que parce que les autres espèces prospèrent aussi"
Nous devons redevenir durables. Nous devons redécouvrir comment être "une partie" de la nature plutôt que "en être séparé". Nous sommes en train de tuer la poule aux oeufs d'or. Il est temps d'aider plutôt que d'entraver la nature. Nous devons apprendre à travailler avec elle plutôt que contre. Nous sentons tous bien inconsciemment que nous allons rentrer dans un mur si les «sciences économiques et sociales» actuelles continue de se concentrer sur les profits et la productivité.
De toute évidence, ce sont nos politiques qui doivent en être convaincus et prendre des mesure adéquates. La responsabilité mise sur le consommateur depuis les années 80 pour avoir pris un avion ou pour avoir utilisé sa machine a laver est une hypocrisie devenue intolérable. Les choses devront être motivées par les politiques et de nouvelles lois, mais à moins que nous ne le demandions (en votant et en consommant différemment), nos dirigeants ne changeront pas un système qui leur profite.
"Il ne s'agit pas de sauver notre planète, mais de nous sauver nous-mêmes"
Ce documentaire est le beau témoignage d'un homme de 93 ans qui a parcouru l'entièreté de la planète.
Je me suis senti obligé de partager ce documentaire et de vous recommander de le regarder, surtout avec vos enfants car l'urgence est là et si nous pouvions arrêter de marcher aveuglément et commencer à contribuer, nous aurions peut-être une chance de vivre heureux.
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